Notre collectif veut mettre en lumière les problématiques sociales et environnementales des territoires ultramarins
Le collectif des luttes sociales et environnementales (CLSE) a été créé sous la forme d’une association de loi 1901 dans le but d’accompagner la société civile dans la lutte contre les inégalités observées dans les départements ultramarins, en s’appuyant sur la loi n° 2017-256 du 28.02.17 dite "d'égalité réelle outre-mer". Une loi de programmation consacrée à l'égalité réelle entre les outre-mer et la France hexagonale, censée réduire les écarts de développement entre les deux territoires.
« loi de programmation relative à l'égalité réelle outre-mer et portant autres dispositions en matière sociale et économique » dont les objectifs affichés sont de :
1° Résorber les écarts de niveaux de développement en matière économique, sociale, sanitaire, de protection et de valorisation environnementales ainsi que de différence d'accès aux soins, à l'éducation, à la formation professionnelle, à la culture, aux services publics, aux nouvelles technologies et à l'audiovisuel entre le territoire hexagonal et leur territoire ;
2° Réduire les écarts de niveaux de vie et de revenus constatés au sein de chacun d'entre eux.(…)»
A travers cet outil juridique, le CLSE compte principalement dénoncer les violences sociales et environnementales subies par les 2,8 millions d’ultramarins habitant ces terres et travaillera par ailleurs avec les acteurs du secteur associatif afin de faire émerger des propositions concrètes à porter auprès des décideurs, d'amplifier leurs contributions au débat public sur ces questions et faire que la transition, socialement responsable, vers une société et une économie durable neutre en carbone, que nous appelons de nos vœux, ne se fasse pas sans ou au détriment des départements ultra-marins.
Impacts du dérèglement climatique sur les départements ultramarins
Si les violences environnementales peuvent amplifier les effets du dérèglement climatique, elles peuvent aussi en être la conséquence et les territoires ultramarins sont parmi les plus impactés. Selon le dernier rapport du GIEC, la submersion marine menace et, d'ici à 2040, certaines zones de Guadeloupe et de Martinique pourraient devenir inhabitables lorsque d’autres seront submergées.
Virginie Duval, professeure de géographie à l'université de La Rochelle, qui a participé à la rédaction du rapport du Giec, dirige, dans ces deux territoires, une étude de terrain avec son équipe. Elle précise qu’en matière d’impact, d'abord, les cyclones seront plus intenses; les îles connaîtront des pics de destructions, comme en 2017 à Saint-Martin. L'érosion côtière questionnera l'usage des littoraux, qui abritent des zones d'habitation, des activités touristiques et des infrastructures.
Elle précise également qu’avec l'élévation du niveau de la mer, qu'on ne peut désormais plus arrêter, comme pour le phénomène d'érosion, on connaîtra des épisodes de submersion en cas de pluie et de marée haute combinées comme ceux survenus en Guadeloupe. D'ailleurs en Guadeloupe, la zone portuaire, industrielle, commerciale et résidentielle qui va de Pointe-à-Pitre à Jarry est menacée par des submersions chroniques. Dès 2030, cela perturbera les activités de certains secteurs. Si l'on continue sur la trajectoire actuelle du réchauffement global, entre 2060 et 2080, on ira jusqu'à 180 jours par an de submersion.
Le CLSE s’appuiera sur les rapports des experts ainsi que sur les recommandations des chercheurs qui conseillent notamment la mise en place, dès maintenant, de plans d'adaptation au dérèglement climatique dans ces îles et qui doivent nécessairement prévoir la réduction drastique, surtout de la part des plus grands pays émetteurs, de leurs émissions de gaz à effet de serre. Des transformations à engager sans tarder pour espérer respecter les objectifs de l'accord de Paris.
Contexte social des départements ultramarins
Selon l’Insee, 14,8 % de la population de l’hexagone vivaient sous le seuil de pauvreté en 2018, soit 9,3 millions de personnes. L’institut établit que les inégalités de niveau de vie sont encore plus prononcées dans les DROM-COM qu’en hexagone.
En effet, en 2017, le taux de pauvreté (basé sur le seuil médian national) s’élevait à 33% en Martinique, à 34% en Guadeloupe. En Guyane, c’est la moitié de la population (53%) qui vit sous le seuil de pauvreté, 42% à La Réunion, et 77% à Mayotte. A ce jour, il est de 60% en Polynésie française ou encore de 38.8 % à Wallis et Futuna.
Le 26 septembre 2017, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a rendu un avis relatif à « la pauvreté et à l’exclusion sociale dans les départements d’outre-mer » disant :
« De tous les territoires de la République, les DROM-COM sont, sans conteste, les espaces où la pauvreté est la plus prononcée. (…) La Commission espère proposer des pistes de réflexion et des solutions durables à un problème structurel, qui n’est pas sans rapport avec les différents mouvements sociaux secouant régulièrement ces territoires. » ; « La pauvreté est encore renforcée par un coût de la vie particulièrement élevé. En raison de la faiblesse des productions locales et de l’importance du marché de l’importation tenu par un oligopole de la grande distribution, les produits de consommation sont plus coûteux Outre-mer. (…). »
Selon l’Insee, en 2015, en prenant comme référence le “panier métropolitain”, les prix sont en moyenne supérieurs à ceux de l’hexagone de 37 % à La Réunion, 42 % en Guadeloupe, 45 % en Guyane et 48 % en Martinique.
Le CLSE souhaite œuvrer à réduire ces inégalités exacerbées par les effets du dérèglement climatique en travaillant particulièrement sur les violences sociales et environnementales.
Naissance du CLSE
Le Collectif des luttes sociales et environnementales - CLSE (Association loi 1901), s'est donc constitué en association pour contribuer à faire émerger dans le débat public, les enjeux sociaux et environnementaux des territoires ultramarins.
Nous menons 4 actions
Informer : produire, centraliser et diffuser des contenus informatifs/pédagogiques (articles, ouvrages, rapports, documentaires, plaidoyers..) au sujet des luttes sociales et environnementales des territoires ultramarins à destination du public, des décideurs, des universitaires..
Connecter : proposer des dispositifs favorisant rencontres et discussions entre habitants de l'hexagone et organisations associatives ultramarines pour favoriser l'émergence d'actions solidaires et d'engagements pérennes.
Soutenir : Lutter contre les discriminations et le manque de réponses aux problématiques ultramarines (soutien, conseils, sensibilisation).
Mobiliser : s'organiser avec le soutien de la société civile (fondations, médias, ambassadeurs...) pour amplifier l'impact des actions menées par les organisations associatives et obtenir des avancées structurelles significatives pour faire face aux enjeux identifiés (soutien au plaidoyer, actions de mobilisation digitales ou de terrain).
Dans le cadre de notre activité, chaque année, nous organiserons le sommet des luttes sociales et environnementales des territoires ultramarins (“le sommet LAKOU”) qui se tiendra à Paris pendant 3 jours et dont la première édition aura lieu en octobre 2024 au Conseil économique, social et environnemental (CESE).
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